Palombe&tradition N°13
SOMMAIRE
L’ÉCHO DES CABANES
INTERNET - Partagez vos points de « vues »
MIGRATION - Mais où sont passées les palombes ?
PALOMBE ET RUGBY - Régis SONNES, Landais au coeur fidèle
HIVERNAGE - Le mulching des résidus de monoculture
PASSION - Pierre Sempé : Pêcheur et chasseur
LES ARBRES - Le fomès
CALENDRIER
SOCIETE - Une maternelle porte son nom
Quelques éléments de réflexion - La coloration du plumage des palombes
SOCIETE - Une certaine idée de la chasse et de la nature
SANTE - Les dangers du plomb
ESSAI - Le nouveau BAÏKAL à un coup
La tête dans le ciel…
ITALIE - Et maintenant
LES RECETTES DU PALOUMAYRE
Un radar à palombes
Edito
Une campagne 2006 à oublier !
Voilà une nouvelle campagne qui s’achève, le « pompayé » ( repas de fin de chasse ) fut triste, on n’a pas ressenti l’émotion habituelle qui lance de nouveaux projets pour la prochaine saison.
On a démonté avec un sentiment d’inachevé, comme si on démontait à moitié saison en se disant : « Il va encore en passer ». Mais bon, on ne va pas non plus y rester jusqu’à Noël. Les habituelles hypothèses ont été avancées : il a fait trop chaud, les vents n’étaient pas bons, et puis, elles sont trop chassées, « tu parles, on les chasse maintenant avec des appeaux depuis le nord de la France ! » Alors curieux, j’ai repris les archives de la cabane depuis 1975, jamais on n’avait eu si peu de passage. Où sont passées ces palombes et va-t-il en passer encore ? C’est la question que tout le monde se pose en démontant. C’est le découragement habituel après une si mauvaise saison ! On n’est pas placé où il faut ! Là-bas il en passe beaucoup plus… Je connais un bois bien placé, en plein sur le passage, je vais essayer de voir le propriétaire…
Voici la rengaine que l’on entend après chaque mauvaise saison. Mais très vite, la passion prend le dessus sur le découragement et dans quelques mois, généralement autour du printemps, les projets fleurissent, extension de la cabane, un nouvel appeau par ci, un autre par là !
Mais la saison ne fut pas aussi mauvaise pour tout le monde, une frange de paloumayres placés sur le fameux couloir central ( frontière Gironde / Lot-et-Garonne, Langon, Bazas, Grignols ) ont vu beaucoup de palombes, l’image de la rivière qui se tarit chère à Pierre Verdet n’a jamais été aussi évidente, tant le flux des palombes s’est recentré sur le couloir traditionnel, une trentaine de kilomètres de large tout au plus.
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Philippe Ducos, rédacteur en chef
Hivernage
Le mulching des résidus de monoculture rendu obligatoire dans le cadre de la P.A.C.
L’Europe modifie encore une fois ses règlements en matière d’agriculture. Tout exploitant qui pratiquera sur ses terres une monoculture comme le maïs dans le Sud Ouest, s’il veut bénéficier de la P.A.C. de :
- Installer une couverture hivernale des sols qui assurera un couvert permanent de type couvert intermédiaire en culture d’hiver.
- Ou pratiquer une gestion des résidus de culture par un broyage fin et incorporation superficielle des résidus de culture : mulching.
En résumé, dès la récolte de maïs terminée, l’agriculteur doit : soit installer un engrais vert, soit enfouir tout simplement les chaumes de maïs. Quelle que soit la méthode employée, il y a disparition immédiate des résidus de culture, si utiles à la faune en migration et en hivernage. Ces pratiques vont priver d’une manne alimentaire considérable un grand nombre d’espèces : palombes, grues cendrées, canards, oies, passereaux qui sont des espèces migratrices, mais beaucoup d’espèces sédentaires vont connaître aussi par ces pratiques des hivers difficiles. Cerfs, chevreuils, sangliers, faisans se nourrissent aussi en grande partie sur les champs de maïs en période hivernale. Une seule différence pour les cerfs, chevreuils et lièvres pour qui la couverture hivernale en engrais vert apporte un complément alimentaire en grande quantité.
La disparition de cette nourriture facile et habituelle devra absolument être compensée par d’autres sources, on s’orientera sûrement très rapidement vers des dégâts encore plus importants sur les autres types de culture agricoles ou forestières.
Si certaines espèces exploitent directement les résidus de récolte que sont les grains laissés sur le terrain, comme palombes, grues, pigeons colombins, certains passereaux, cerfs, sangliers, chevreuils, etc, d’autres se nourrissent des adventices poussant sur les chaumes comme certaines graminées dont sont très friands de nombreux passereaux : les bruants, fringilles ( pinsons, verdiers, chardonnerets ) et bien d’autres. On assiste à de très fortes concentrations en hivernage de ces passereaux dans les zones à maïs du Sud-Ouest [...]
Migration :
Mais où sont passées les palombes?
Mais où sont passées les palombes? C'est la question lancinante qui revenait au mois d'octobre dans toutes les palombières et le soir dans les bistrots des villages du sud ouest. Bien sûr, on avait aperçu les premières volées normalement autour du 10 et observé une petite amorce les 15 ,16 et 17, avant un grand vide le 18 mais le vrai démarrage se faisait attendre de façon exaspérante. Alors on tuait le temps en cueillant des cèpes poussant à foison sous les fougères et en s'offrant des siestes, hélas jamais écourtées par le signal du guetteur.
On sait aujourd'hui que les palombes, elles aussi, s'offraient du bon temps, mais dans le centre de l'Europe baigné par une exceptionnelle douceur. La bulle d'air chaud qui transformait notre début d'autome en été indien remontait jusqu'à la Russie et la Finlande. Le 20 octobre, il faisait plus de 25 degrés chez nous mais 20 degrés aussi à Moscou ou à Helsinki, de quoi freiner la migration entamée depuis plus d'un mois par les oiseaux les plus nordiques. « La réduction de la durée du jour qui est un des facteurs décisifs donnant l'impulsion migratoire aux oiseaux, peut avoir un impact beaucoup moins fort si elle est contrebalancée par des températures quasi estivales, explique Jean-Claude Ricci, biologiste et directeur de l'IMPCF, ( Institut méditerranéen du patrimoine cynégétique et faunistique ), qui réalise de nombreuses études sur la migration des grives mais aussi des pigeons ramiers. Il semble bien que cela ait été le cas cette saison et on peut s'attendre à ce que le phénomène se renouvelle de plus en plus souvent en raison du réchauffement climatique. Sans aller jusqu'à imaginer qu'un jour les palombes ne passeront plus et préfèreront rester dans des pays devenus tempérés même en hiver, il paraît évident que les pics migratoires vont reculer comme on le constate déjà ».
Il est clair que le grand truc de la Saint-Luc de nos grands-pères a du plomb dans l'aile. Les passionnantes études du GIFS France démontraient avant cet automne si bizarre que le plus grand pic migratoire de la saison qui se situait entre le 23 et le 28 octobre de 1999 à 2002, était déjà passé dans un créneau allant du 30 octobre au 6 novembre depuis 2003. A croire qu'il faudra bientôt commencer à chasser la palombe le 20 octobre pour avoir une chance de tomber dans la bonne période. De quoi faire définitivement disparaître l'autre vieux dicton de la Saint Michel, recommandant de monter les appeaux le 29 septembre...
En 2006 en tout cas, la première grande vague bleue a enfin déferlé sur le sud-ouest du 25 au 28 octobre. Normal, le mauvais temps venait de frapper toute l'Europe quelques jours plus tôt, avec des tempêtes de neige et une chute des températures qui transformait en patinoires les autoroutes allemandes. De quoi faire sentir aux palombes souhaitant aller passer l'hiver dans la péninsule ibérique qu'il était temps de mettre le cap au sud. Jan Kerlove, un ornithologue belge confirme ce démarrage [...]
Santé :
Les dangers du plomb
Jacques Gaye , chercheur au laboratoire interrégional de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes à Talence : « Si les cartouches aux grains de plomb sont supprimées, ce sera une bonne chose »
Dans une pièce du laboratoire interrégional de la Direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) à Talence, dans la banlieue de Bordeaux, le chercheur Jacques Gaye l'affirme sans ambages : « si les cartouches aux grains de plomb sont supprimées, ce sera une bonne chose ». Voilà une annonce qui devrait semer le trouble chez plus d'un chasseur. Notamment chez ceux qui, depuis l'entrée en vigueur en 2005 de l'arrêté du 21 mars 2002 interdisant l'usage du plomb dans les zones humides (1), ont eu l'occasion de tester et de comparer le plomb et les billes d'acier.
Car les essais ont laissé plus d'un tireur dubitatif. « Les cartouches à billes d'acier ne font souvent que blesser le gibier d'où une perte de 30 à 40 % des oiseaux », peste Patrice Lisant, chasseur averti, qui a utilisé les billes d'acier dans les zones humides de Charente-Maritime. « On a également constaté qu'après décongélation, les billes rouillent dans les entrailles du gibier ».
Depuis quelques années, la Commission Européenne a mis en oeuvre une vaste étude sur le plomb et les sources de pollution interdites ou qui pourraient l'être. Et parmi celles-ci figurent les grains en plomb des cartouches de chasse mais aussi les crins de pêche. Les chasseurs inconditionnels du plomb ( à leurs yeux plus meurtrier ) ont donc quelque inquiétude à avoir.
Les Inuits au Québec.
Toutefois, la question du saturnisme ne date pas d'aujourd'hui. Il y a dix ans, on parlait déjà des canards sauvages, des limicoles et de certains rallidés ingérant des grains de plomb en imaginant qu'il s'agissait de petits graviers, utilisés comme « grit » stockés dans leur gésier afin de broyer les aliments. Mais aujourd'hui, l'actualité paraît s'emballer. Au mois de septembre dernier, Hubert Reeves, président de la Ligue de préservation de la Faune sauvage, a déclaré « que les plombs déversés dans la nature ne menacent pas seulement les animaux mais toute la chaîne alimentaire et finalement la santé humaine » [...]