Palombe&tradition N°18
SOMMAIRE
L’ÉCHO DES CABANES.
HOMMAGE - Le retour de Pierre… à la palombière
Quelques éléments de réflexion sur… les comptages transpyrénéens
PALOMBE ET RUGBY - Ferdinand ROUMAT a sacrifié sa carrière au rugby pour la chasse.
MIGRATION - Oh !... tout ce qu'on a vu en 3 jours !
LEGISLATION - Quel comportement doit-on avoir lors d’un contrôle de la garderie à la palombière ?
L’ECOLE BUISSONNIERE - A la découverte d’une palombière
Nos lecteurs ont du talent
MIGRATION - Le fameux couloir central
SOCIETE - Comment « chier » dans les bois…
DOSSIER ELEVAGE - «Mulets», ces gènes qui me gênent…
HIVERNAGE - Un million d’oiseaux dans le Sud-Ouest
La tête dans le ciel…
ITALIE - Le «lasce»: Un appelant typique de la région de «Marches»
LES RECETTES DU PALOUMAYRE
LES OISEAUX DE NOS FORÊTS
Edito
2008, un printemps heureux pour les palombes…
Ce nouveau numéro du printemps s'inscrit sous de bons hospices pour les palombes, un hiver normal sans grands changements, pluvieux mais pas trop, du froid, juste ce qu'il faut, une bonne migration d'automne, peu de mortalité pendant l'hivernage, oubliée la grippe aviaire, ce qui pourrait se traduire par une bonne saison de reproduction… mais ça l'avenir nous le dira ! Comme chaque fois le printemps rend optimiste, le paloumayre se remet au travail, oh, pas de gros travaux, les bricoles, juste de quoi se remettre dans le bain.
Au moment où j'écris ces lignes, je n'ai pas encore d'informations sur la migration de retour, mais les quelques sédentaires qui ont colonisé le bois de ma palombière commencent à parader, ce qui augure une bonne saison. Ceux qui font naître des palombes en captivité préparent leurs couples et installent les nids, tous les espoirs sont encore permis.
Les nouvelles réglementations agricoles pourraient bien être favorables aux palombes qui sauront profiter de ce nouveau regain d'intérêt des agriculteurs pour les céréales. Il n'en sera sûrement pas de même pour le reste de l'avifaune qui au contraire bénéficiait grandement des jachères. Mais dans ce monde, pour survivre il faut savoir s'adapter, ce que savent très bien faire les palombes. Voyez, je ne suis pas le rabat-joie qui peut quelquefois transparaître dans certains éditos. Quoique… peut-être aurait-on pu réduire les surfaces de jachère sans les supprimer totalement ! Mais non ça y est, je recommence…
Philippe Ducos, rédacteur en chef
Législation
Les contrôles de la Garderie en palombière
Quel comportement doit-on avoir lors d’un contrôle de la Garderie à la palombière ?
Les contrôles de la Garderie sont de plus en plus fréquents en palombière…
S’il est préférable d’accepter cette inspection, elle ne doit pas tomber dans l’excès. La loi, du moins son interprétation n’est pas toujours la même suivant l’agent assermenté qui vous visite.
Il n’y a aucune raison de se soustraire à un contrôle.
Les agents de l’O.N.C.F.S. (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage), peuvent réaliser des contrôles sur tous les territoires de chasse, y compris dans vos palombières, qui ne sont pas considérées, ni à considérer comme des maisons d’habitation, mais tout simplement comme des installations de chasse. Seules les palombières à l’intérieur d’enclos peuvent échapper à ces contrôles inopinés. Mais attention, un grillage autour d’une parcelle ne signifie pas qu’il s’agit d’un enclos. La législation a donné une définition bien précise d’un enclos : lieu clos (grillage, mur) attenant à une maison d’habitation et empêchant le passage de l’homme et du gibier à poil. Aucune notion de hauteur ni de nature de la clôture. Peu d’enclos dignes de ce nom existent réellement et si par habitude et pour éviter toute procédure devant les tribunaux, la Garderie rentre rarement dans un engrillagement même s’il n’est pas un enclos aux termes de la législation, ils peuvent le faire s’ils le désirent réellement. Il suffit pour cela qu’ils prouvent par photo, constat d’huissier, témoignage, etc., qu’ils sont rentrés sans violer la clôture. Un portail qui est resté ouvert, un arbre mort qui a écrasé un peu le grillage, un passage de fossé où le grillage ne plaque pas bien en bas, sont autant d’endroits où l’homme, ou le gibier à poil, peuvent passer sans détériorer la clôture. Ne vous attendez pas non plus à ce que la Garderie vous prévienne de son arrivée : pas de coup de sifflet traditionnel, non leur travail et leur efficacité sont basés sur l’effet de surprise. Ne vous offusquez donc pas de leur arrivée à la cabane, même s’ils vous ont fait partir des palombes [...].
Migration :
Le fameux couloir central
Ah! ce fameux couloir central ! Tout le monde en parle, tout le monde en rêve mais où est-il précisément situé ?
C'est ce que nous avons essayé de savoir à l'aide de multiples témoignages.
« Nous n'avons rien vu hier mais j'ai entendu dire que là-bas, sur le couloir central il en était passé des milliers ». « Mais où ça ? ». « J'ai eu un coup de fil d'un copain de Duras, en Lot-et-Garonne, ils ont eu 50 vols chassables dans la seule matinée ». « Ce n'est pas possible ». « Mais si. Un autre a lu dans Sud-Ouest que le compteur de Lalinde en Dordogne, donc plus haut, avait recensé à peu près le même nombre de vols. Et mon cousin de Casteljaloux, en Lot-et-Garonne m'a avoué avant-hier que cette saison il ne se plaignait pas... ». « Mais nom de Dieu, c'est incroyable, elles sont aimantées sur ce maudit couloir ? ».
Dialogue classique entre paloumayres un soir d'octobre, au Café du commerce d'un village du Sud-Ouest. Le tracé de ce fameux couloir central, également surnommé l'autoroute des palombes ( rien à voir avec le tracé de la future autoroute A 65 maudite par les paloumayres ), nous interpelle. Où passe-t-il, où prend-il naissance, où débouche-t-il sur la chaîne pyrénéenne, pourquoi est-il encore bien approvisionné alors que d'autres se tarissent... Autant de questions philosophiques qui peuvent durer jusqu'à plus d'heure et jusqu'à plus soif dans les bistrots de nos campagnes. Nous avons donc essayé à l'aide de très nombreux témoignages de paloumayres de le reconstituer. Bien sûr, nous n'avons pas la prétention d'avoir tiré les lignes exactes en traçant les cartes qui vous sont proposées par ailleurs. En matière de migration, rien n'est jamais formel. Les vents dominants de chaque automne modifient les routes et ce qui est valable sur votre palombière, ne l'est plus cinq kilomètres sur votre gauche, ou inversement. C'est ce qui fait tout le charme de cette chasse. Il n'empêche que l'envie de découvrir le plan de vol favori des oiseaux bleus est le plus fort.
Des vallées et des vents
Nous avons arbitrairement choisi de faire débuter le fameux couloir aux portes du Sud-Ouest, après avoir précisé que comme chacun sait les oiseaux arrivent de beaucoup plus haut. Principalement de Russie et d'Allemagne sur un axe Nord-Est contournant ou empruntant le nord du Massif Central. Puis de Finlande, Norvège, Suède et des Pays baltes, sur un axe plus nordique traversant le centre de la France. Curieusement, c'est en Limousin que la migration commence, non pas à se canaliser mais tout de même à se resserrer pour ce qui concerne la majorité des effectifs en route vers l'Espagne, ceux qui constituent le support essentiel de la chasse traditionnelle d'octobre et de début novembre [...].
Elevage :
Hybride, ces gènes qui me gènent...
Loin de nous l'idée de vivre hors du temps, hors de notre temps.
L'être humain évolue dans un monde en constante mutation, un monde dynamique. Mais il peut agir sur ce monde par un comportement responsable, dans l'esprit d'un développement durable.
De ce fait, l'homme accepte, pour des raisons économiques, les modifications de son environnement. Depuis les derniers progrès scientifiques en matière de bio-génétique, il a la possibilité d'isoler l'ADN. C'est ainsi qu'il voudrait s'approprier le vivant et qu'il entretient l'illusion de détenir le pouvoir de créer.
Si l'on se réfère à la chasse à la palombe, qui est avant tout un loisir naturel, comment essayer de garder « les pieds sur terre et la tête dans le ciel » ?
Il est tout à fait normal d'agir sur la forêt, pour essayer d'améliorer l'accroche de la Bleue. Chacun s'applique à offrir à l'Oiseau les meilleures conditions d'approche. Tailles, coupes, éclaircissements bien pensés ne portent pas atteinte à la vie du bois.
Essayer de nouvelles techniques doit servir à s'adapter au comportement d'un oiseau naturellement plus méfiant, car soumis à une forte pression de chasse. C'est ainsi que sont apparus volants et semi-volants. Au niveau des mécaniques, rouleaux et souples aciérés induisent des mouvements innovants, sans déséquilibre par basculement traditionnel.
Introduire chaque année de nouveaux couples dans les volières de Bleus de Gascogne ou de Palombes permet d'éviter les problèmes de « cousinage » et de dégénérescence des espèces. Mettre aux petits pois les pigeons mal barrés ou relâcher les palombes mal emplumées est un acte naturel. Cela permet de conserver une bonne réserve d'appelants, aussi ressemblants et performants que possible.
La souche d'origine de toutes nos espèces actuelles de pigeons est une descendance du pigeon de roche ou biset ( columba livia ) qui, au long des siècles, a évolué naturellement avec son habitat vers la grande diversité de races que l'on connaît aujourd'hui, et qui n'est certainement pas au bout de son évolution. Une autre forme d'évolution de race, celle-là due à l'homme et ses manipulations diverses et variées nous a permis d'obtenir des sujets de races stables, c'est-à-dire capables naturellement de se reproduire à l'identique. On considère que la race est acquise si la reproduction de cinquante générations successives garantit une copie conforme au couple de départ ( morphologie, couleur, etc. ).
Des coupages non stables comme nos pigeons de ville offrent des gammes de coloris qui peuvent sauter une ou deux générations puis revenir avec des coloris d'un lointain aïeul.
Les appelants pigeons utilisés pour la chasse à la palombe sont issus de la race « Bleu de Gascogne » qui a été obtenue par des sélections successives ( certainement pour des faits de chasse, puisque leurs premières aires de répartition étaient uniquement le grand Sud-Ouest ) qui ont ainsi permis de supprimer le croupion blanc et les bandes alaires noires. Celle-ci ne tardent pas à réapparaître si on ne prend pas garde de bien croiser les sangs, c'est-à-dire de ne pas laisser des frères et soeurs procréer. Tous ces croisements sont certes dirigés par l'homme pour améliorer une race pour un loisir ( la chasse ) ou pour un plaisir ( concours de beauté ) ou bien le sport ( pigeons voyageurs ) etc. mais ne représentent pas un danger du fait que ce sont des oiseaux de la même espèce [...]