Palombe&tradition N°19
SOMMAIRE
L’ÉCHO DES CABANES.
PORTRAIT - Rencontre en Pays Basque
Quelques éléments de réflexion…
PALOMBE ET RUGBY - Jean-Louis BERNES,
Champion de France avec Agen en 1976.
Mon grand-père nous racontait…
SOCIÉTÉ - Autour d’elles… je ne veux qu’ailes
ANCP - Enquête « Palombières » : Saison 2007
L’A65 serait-elle une impasse?
DOSSIER - L’art du recyclage
Règlement interne de la cabane
MIGRATION - Le mystère du retour
PASSION - La chasse à l'eau
HISTOIRE - La belle énigme d’un capitaine d’Empire
TECHNIQUE - Les appeaux multiples
La tête dans le ciel…
ITALIE - L'abbé Johan Gregor Mendel et les « Volantini ».
LES RECETTES DU PALOUMAYRE
La loi et le droit au coin du bois gersois
Edito
Chasse et écologie...
Je sais que pour beaucoup les mots chasse et écologie sont aussi antagonistes que l'eau et le feu, mais en réfléchissant un peu on s'aperçoit que les deux positions ne sont pas si éloignées que celà. Je ferai la différence entre l'antichasse viscéral ne supportant pas que l'on tue un animal, et le véritable écologiste qui peut parfois accepter que l'on tue un animal dans certaines circonstances.
Je mettrai donc de côté le premier cas avec qui toute discussion est impossible comme avec tout intégriste et m'intéresserai au second avec qui la discussion est encore envisageable. Ayant participé à des sorties dans la nature avec des non-chasseurs anti-chasse, je me suis rendu compte que nous n'étions pas si éloignés que ça et que comme moi, ce qui les intéressait était la rencontre avec les animaux. Ils se sont vite aperçus que je n'étais pas le sanguinaire qu'ils imaginaient, quant à moi j'ai compris qu'il n'en fallait pas beaucoup pour qu'ils deviennent chasseurs. Je pense que cela dépend beaucoup de l'éducation reçue et du milieu familial. J'ai longtemps regretté qu'il n'y ait pas plus de passerelles entre les chasseurs et les véritables écologistes, aussi quand j'ai appris l'existence d'une nouvelle association de chasseurs écologistes, j'ai tout de suite adhéré. Mais il n'est pas facile d'avoir le cul entre deux chaises, même si en théorie, le centre est le point d'équilibre, dans les faits, il en est autrement. Le nouveau parti politique centriste français en a fait les frais aux dernières élections. Au premier tour tout le monde adulait le centre, mais quand il a fallu se prononcer réellement, chacun a rejoint ses bases.
Peut-on être écologiste et chasseur ?
A cette question je répondrai NON ! Pas dans le sens politique du terme, mais je me sens profondément écolo quand je mange bio, quand je mange le poisson que je viens de pêcher, mais aussi quand je prépare la palombe que je viens de TUER à la palombière. A ce propos, je dis bien tuer et non prélever, terme si souvent utilisé pour être politiquement plus correct ou pour ne pas choquer le grand public. Le monde de la chasse a pris l'habitude d'éviter les termes qui fâchent, mais à force d'aseptiser notre activité on risque de perdre notre âme. De toutes façons, nos opposants ne sont pas dupes, seuls les sans opinon peuvent basculer d'un côté ou de l'autre. En général, ils penchent vers nos opposants, jusqu'au jour où ils sont confrontés à un problème de dégâts ou de déprédation (la souris dans le placard ou la taupe dans la pelouse…) Et là, ce sont souvent les plus radicaux.
De « l'écolo » à toutes les sauces
Je viens de recevoir ma nouvelle facture de téléphone qui est "écologique" avec le logo du WWF, le panda. Les nouvelles voitures deviennent « écolos » même si pour les construire on utilise toujours du plastique et d'autres produits aussi nocifs pour la nature.
Suivant la définition du dictionnaire, l'écologie est la science de la nature, rien à voir avec le parti du même nom. Pourtant les opposants à la chasse se sont approprié le terme si bien qu'être «écolo» chez les «bobos» est branché, alors que chez les chasseurs, c'est devenu une insulte.
Philippe Ducos, rédacteur en chef
Dossier: L'art du recyclage
Pour construire sa palombière, un vrai paloumayre conjugue astuces, récupération et art du recyclage.
Mon grand-père, ce grand sage que je cite souvent, disait que les palombes ne regardent pas la cabane avant de se poser et il est vrai qu’à son époque les palombières étaient montées avec beaucoup moins de soin qu’aujourd’hui.
Quand j’ai commencé à chasser la palombe avec cet illustre personnage et pendant toute ma jeunesse, je pensais comme lui. Nous n’étions pas riches, je ne le suis toujours pas malheureusement et en plus dans le contexte économique actuel, j’ai bien peur de l’être de moins en moins, donc l’art de la débrouille et de l’approximatif était de mise. La cabane proprement dite se résumait en un siège fait d’une planche plus ou moins solide pour s’asseoir, d’une autre plutôt vermoulue pour le dossier et d’une vieille barre de récupération comme repose-pied. Pas de tôles pour se mettre à l’abri au garde ; quand il pleuvait, ou on ne chassait pas ou on mettait la tenue de pluie ; le béret sur la tête dans la position de la poule qui attend la fin de l’orage au milieu de la basse-cour : le cou rentré dans les épaules, la tête légèrement relevée pour que les gouttes du béret ne tombent pas dans le cou, on attendait que ça passe. Le seul semblant d’abri se résumait en un coin du garde, fermé seulement sur 2 côtés, couvert d’une tôle, où se trouvait un poêle à bois dont on sentait la chaleur lorsque l’on était assis dessus. Bien sûr, ces quelques planches avaient été récupérées dans une maison en ruine voisine, en démontant les baraques à poules encore plus en ruine que la maison. Lors du démontage, les pointes étaient arrachées soigneusement et récupérées pour être réutilisées. Je pense que jusqu’à l’âge de 15 ou 16 ans, j’ai été persuadé qu’une pointe ne pouvait être que rouillée et tordue et qu’avant utilisation il fallait vider une vieille boite par terre, chercher la dimension dont on avait besoin et commencer avant toute opération par redresser tant bien que mal lesdites pointes.
Pour les tunnels, il en était de même, pas de grillage, pas de plastique, tout avec les moyens du bord. Les piquets en acacia ou en châtaignier étaient récupérés toute l’année à droite ou à gauche. Dès que l’on voyait un bout de bois plus ou moins droit et de diamètre convenable, il était ramassé et ramené à la maison, il servirait bien un jour pour la palombière ou pour réparer les clôtures à vaches. Les fils de fer, souvent du barbelé, étaient ramassés sur les vieilles clôtures à vaches ou parfois sur le bout de vigne qu’il y avait à cette époque dans chaque ferme. Le fil de fer était comme les pointes, d’époque et lorsqu’on avait un morceau de 10 m sans raccord, c’était un exploit. Pas question de jeter une chute, mon grand père disait « qu’avec 2 bouts de 2 m, on fait 4 m », logique non ! Le dessus des tunnels était fait à la traditionnelle, avec des barres en long entre les piquets et quelques-unes en travers pour tenir la brande [...].
Migration :
Le mystère du retour
Cela fait partie des mystères entourant encore la migration. Au coeur de l'automne, alors qu'elles sont en route vers leurs lieux d'hivernage en Espagne et au Portugal, soudain, comme si elles migraient à regret, les palombes décident de faire demi-tour
Tous les paloumayres du Sud-Ouest et même du centre de la France ont observé ce phénomène. Un phénomène que l’on doit classer en deux parties bien distinctes, même s’il a pour origine un lieu commun : le massif forestier et les grandes terres cultivées des Landes.
Pourquoi les palombes en plein mouvement migratoire rebroussent-elles chemin ?
Des zones d’ombre subsistent sur ce curieux phénomène.
En effet, cette immense zone située en plein axe migratoire tient lieu de gare de triage, ou plutôt de repoussoir ou de centre d’attraction. Dans le premier cas, l’affaire se produit autour du 25 octobre. Mais cela peut être quelques jours plus tôt comme l’année dernière. Tout dépend comme toujours de la météo. Si les Pyrénées sont bouchées par le mauvais temps, des dizaines, voire des centaines de milliers de palombes arrivées du centre et de l’ouest de l’Europe, se concentrent sur cet énorme garde-manger. En attendant une bonne fenêtre météo pour franchir la chaîne pyrénéenne, les oiseaux reprennent des forces en glanant dans les chênaies ou bien en se gavant de grains de maïs abandonnés sur les champs. L’endroit peut leur sembler paradisiaque même si de nombreuses palombières sont situées dans ce secteur mais tôt ou tard se pose le problème du surnombre. A force de s’accumuler sur les zones de gagnage, les énormes vols éclatent et des petites volées partent voir plus loin si les conditions de séjour sont plus paisibles. Certains groupes choisissent l’est, c'est-à-dire le Gers voisin mais une majorité d’entre eux remettent carrément le cap au nord, direction la Dordogne, le Lot, la Corrèze, la Vienne, la Haute-Vienne…[...]
Technique :
Les appeaux multiples
Comme je l'ai déjà écrit, la grégarité, c'est-à-dire la propension des palombes à vivre en groupe et donc à suivre le gros de la troupe est à la base de nombreux appelants, que ce soient canards, palombes ou autres?
Le principe d'un appeau est de faire savoir à ses congénères qu'elles ne sont pas toute seules et comme il est plus facile de s'en sortir à plusieurs que seul, la nature a prévu les bancs de poissons, les troupeaux de mammifères ou les vols d'oiseaux. Pour attirer les palombes avec nos appeaux, il faudrait les multiplier à outrance pour créer cet effet de masse que l'on retrouve dans les bancs de poissons. Mais voilà, les systèmes traditionnels de mécaniques sont fastidieux à monter et imposent souvent de tailler à "blanc" l'arbre sur lequel on choisit de les placer. Si bien que pour créer un effet de masse, il faut placer plusieurs appeaux sur le même arbre ou à proximité, en tout cas les regrouper par petits paquets. Quelques chasseurs astucieux l'ont bien compris et ont eu l'idée de monter plusieurs appeaux sur la même mécanique, parfois même jusqu'à quatre!
Nous vous présentons ici quelques systèmes déjà éprouvés.
Raquette double sur mécanique simple
Le gros avantage de ce système est qu'il est adaptable sur les mécaniques déjà en place. La plupart des systèmes sont constitués de deux parties, l'ascenseur ou la mécanique constitue le bâti et la raquette qui est généralement amovible. Il suffit de souder deux raquettes sur un même support (voir croquis) et le tour est joué. Cependant, comme les raquettes ne travaillent pas dans le même sens, il faut rallonger le support où vient se fixer la raquette. Ce système simple permet de doubler le nombre d'appeaux sans changer d'emplacement et surtout sans avoir à remonter à l'arbre. Le fait de modifier ainsi la mécanique permet de multiplier par deux le nombre d'appelants sans toucher à l'arbre qui l'accueille puisqu'il suffit de rajouter une raquette de plus à la mécanique existante [...].