Palombe&tradition N°36
SOMMAIRE
4 HOMMAGE - La mue de la revue Palombe&Tradition
6 ÉCHO DES CABANES
10 DOSSIER migration
- Des interrogations plein la tête
- De grandes voyageuses
18 PALOMBE ET RUGBY - Louis Massabeau
21 Courrier du lecteur
22 REPORTAGE - Le poste d’observation qui monte…
25 Travaux d’automne
26 Sécurité - Formation sécurité grimpe dans les arbres
28 passion - Henri DUTOURNIER, la passion avant tout
31 prévisions de passage
36 HISTOIRE - La palombe ange gardien des pèlerins de Saint-Jacques
38 Quelques élément... - La fabrication des plombs
40 ESSAIS COMPARATIFS - Calibre 12 - 16 - 20
44 Autour d’elles... - L’humour à la cabane
46 CHIENS - La sagesse au coup de feu
48 La tête dans le ciel, les pieds dans la fougère...
51 ASTUCES - La veste du «paloumayre»
52 ITALIE - Les meilleurs semi-volants
56 LES RECETTES DU PALOUMAYRE
Edito
La chasse à la palombe …
l’histoire d’une vie!
Passion dévorante et débordante, capable d’unir les hommes comme de les diviser à jamais, la chasse à la palombe est plus qu’un état d’esprit, c’est un mode de vie. Un «bol d’air» de simplicité et de convivialité face à une société individualiste et faite de «lobbying». Comme chaque année la même question existentielle se pose dans toutes les cabanes de France et de Navarre, «Quand les palombes vont-elles arriver?». L’adaptation de l’espèce à son nouveau milieu et les démarrages tardifs de la migration des dernières années, dûs à des températures très élevées sur l’ensemble de l’Europe au début de l’automne nous entrainent à penser que la migration pourrait commencer comme l’année dernière mi-octobre. D’autre part les travaux agricoles ayant été perturbés par la pluie, les récoltes seront très tardives, entre mi-octobre et fin octobre. De plus la période pluvieuse a été très favorable à la forêt et il devrait y avoir une très belle glandaie, constituant un garde-manger idéal.
Par ailleurs, comme notre chère palombe, le paloumayre a dû s’adapter au nouveau comportement de notre belle migratrice, notamment au phénomène récurrent du recul. Comme tous les ans il y le chassé-croisé des vacanciers, il se pourrait bien que l’on revoit comme l’année dernière le grand chassé-croisé de migratrices semblant avoir perdu la tête. Je vous laisse le plaisir de découvrir plus d’explications dans notre dossier (p.10) ainsi que nos prévisions de passage (p.31).
Je tiens à dédier cet édito à notre ami et illustrateur Charlie Couralet trop tôt parti. C’est d’abord vers sa famille que nous souhaitons nous tourner, pour lui témoigner nos condoléances et notre soutien. Plus qu’un aquarelliste ou un illustrateur, Charlie était un virtuose du pinceau, capable de retranscrire nos émotions et notre passion. Cet oiseau qu’il chérissait tant l’a amené pour un dernier voyage, pour une dernière migration. Charlie quand tu arriveras là-haut envoie le bonjour aux copain Pierre et Philippe partis avant toi au paradis des palombes. Dis leur que Palombe et Tradition existe toujours et que nous tenons bon, défendant bec et ongle notre chasse. Merci encore pour ta passion et ton engagement dans l’aventure Palombe et Tradition.
Bon voyage au paradis des belles bleues et chapeau l’artiste…
Bonne chasse à tous.
Adishatz
Pierre NIETO, directeur de la publication
Des interrogations
plein la tête
La saison 2012 fera-t-elle oublier le curieux passage de 2011? Les chasseurs se posent des questions sur le phénomène de retour de plus en plus important et s’inquiètent du rétrécissement du couloir migratoire.
Les paloumayres du grand Sud-Ouest ont tous les mêmes images dans la tête. Celles de vols descendant du nord-est, sur l’axe traditionnel, croisant des dizaines de milliers d’oiseaux remontant exactement en sens inverse. Jamais au nord de la Garonne on n’avait assisté à un tel spectacle. Certes on avait vu des vols remonter à la fin octobre vers des secteurs du centre de la France où la glandée était importante mais non, jamais, on n’avait observé ce grand chassé-croisé de migratrices semblant avoir perdu la tête. Souvenez-vous. La migration avait commencé très tard, précisément le 14 octobre, après un début de mois digne de juillet, avec des températures supérieures à 30 degrés. Il ne passait pas un pinson, pas une grive dans un ciel blanchi par la canicule. Les bérets commençaient à tourner sur les têtes lorsque les premiers oiseaux pointèrent enfin le bout de leur bec dans un paysage brûlé par la sécheresse. Rappelez-vous, les maïs avaient déjà été ramassés et la glandée était faible sur le massif landais.[...]
Les appelants après la chasse
Tout le monde souhaite avoir les meilleurs, les plus beaux appelants pour commencer la chasse, mais pense-t-on à eux autant après la saison ?
Une palombe, un pigeon, qui a travaillé pendant un mois, voire plus, en palombière, ne se jette pas comme un vulgaire rebut dans une volière.
Etre appelant n’est pas un état naturel pour un oiseau, quel qu’il soit. Rester attaché pendant de longues journées, être secoué, pas toujours avec modération des heures durant, entraîne des blessures, des fatigues et parfois de lourdes séquelles. Donc, avant de relâcher vos oiseaux en volière, première chose : s’assurer que l’animal n’est pas blessé. 90 % des blessures se situent au niveau des pattes pour les oiseaux entravés et au niveau des ailes et de la tête, souvent le bec, pour les palombes qui ont aussi servi de « poulets ». Pour les appelants entravés, attention aux doigts fracturés et aux éventuelles blessures se situant au niveau du genou, presque toujours côté intérieur. [...]
Balises Argos:
De grandes voyageuses
Le suivi des palombes grâce aux balises Argos solaires a été lancé en 2009 par le Groupe international d’investigations sur la faune sauvage (GIIFS) en partenariat avec les instances cynégétiques d’Euskadi. Aujourd’hui, 27 oiseaux sont équipés. Le programme s’étend jusqu’en 2015 avec le soutien financier de la Fédération nationale des chasseurs.
L’évolution technologique est un précieux allié pour les spécialistes de la palombe. Avant 2009, l’origine géographique des ramiers hivernant en France était analysée au moyen d’opérations de baguage. Mais aucun suivi précis des voies migratoires entre les sites d’hivernage et de reproduction n’existait. L’arrivée des balises Argos solaires est donc une révolution en ce printemps 2009. Ce petit appareil d’une douzaine de grammes et d’une durée de vie de trois à sept ans, fixé par un harnais sur le dos de l’oiseau, permet désormais de mieux comprendre le comportement des palombes. «On peut visualiser les itinéraires empruntés lors de la migration prénuptiale mais aussi analyser la vitesse de déplacement et, au final, leur destination», explique Jean-Roland Barrère, président du Groupe d’investigation sur la faune sauvage (GIFS). [...]