Palombe&tradition N°84
Numéro d'Automne
2024
SOMMAIRE
4 L’ECHO DES CABANES…
13 Palomb’en bd
14 PASSAGE - Et si on revivait la saison 2021?
18 DOSSIER TECHNIQUE - L’art de travailler un vol
24 CHASSES TRADITIONNELLES - «L’avenir est loin d’être compromis, on ne baisse pas les bras»
27 Palombe en rimes
28 RESEAUX SOCIAUX - Une migration qui est scrutée de près
30 HISTOIRE - Tout comme chez nous, dites donc
31 Les Prévisions de passage du Paloumayre 2024
36 L'INEPTIE DU TRIMESTRE - Quand les animaux sauvages s’imprègnent de l’homme
38 PAROLES DE PALOUMAYRES - Christian FERRAND, 91 ans, toute une vie de paloumayre
42 CONCOURS - La course des 3J
44 TECHNIQUE - La pose des barres d’appeaux
44 AUTOUR D'ELLES... - Sauver la chasse en palombière
48 ANECDOTE - L’abri voitures
50 CHIENS - L’immuable attrait des races étrangères
52 « LA TÊTE DANS LE CIEL... » -- Les palombes de Haute-Soule (suite 1)
54 ITALIE - Le pays où l’on va...
58 LES RECETTES DU PALOUMAYRE
Edito
Dans les starting-blocks
A
rbres nettoyés, tunnels habillés, mécaniques rehaussées,
palombes plumées, pigeons entraînés, sols nettoyés, bois
rentré, chemins débroussaillés, plein d’eau fait, bouteille de gaz préparée, batterie chargée, farine et grain achetés… vous êtes parés pour que cette saison 2024 soit de type olympique.
En effet, après l’engouement général et le bonheur que nous ont procuré les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, nous avons hâte de nous lancer dans ce 3ème volet que sont les Jeux «Palombympiques»!
Au programme, sont prévues les activités les plus familières: le sémérage, l’équilibre sur raquette et sur fil, le lâcher de pigeons, le tir aux palombes, le roucoul, la manoeuvre au sémec, la fermeture du filet… Mais il existe aussi d’autres disciplines aux qualités essentielles: le sens de l’observation, l’attente, la patience, la discrétion, la réactivité, le sang-froid, la convivialité et le partage. Les meilleurs d’entre nous se verront décerner la palombe d’or du plaisir.
Après dix mois d’attente, où nous avons essuyé les multiples attaques de nos détracteurs, auxquelles, malheureusement, on finit par s’habituer, où nous avons tremblé à cause de cette épée de Damoclès qui menace la chasse au filet, nous voici tout de même à l’orée d’une nouvelle migration. La saison précédente n’a pas laissé que de bons souvenirs.
Météo pourrie avec succession de tempêtes, vent instable et mal orienté, chemins impraticables, tunnels inondés tels le canal des deux mers… et pour couronner le tout, une belle bleue qui ne prêtait guère attention à nos manœuvres de séduction! Il nous semble pourtant suivre la bonne partition pour jouer ou déjouer l’oiseau, mais quelques fausses notes peuvent maladroitement accompagner cette musique. Cela peut dérouter ces belles migratrices ou gâcher l’envoûtement désiré. Dans ce numéro, Nicolas Buoro apporte quelques éléments de réponse afin que la note sonne plus juste et que la romance s’approche du chant des sirènes!
Il est maintenant, une question qui brûle toutes les lèvres: à quoi ressemblera la migration 2024?
C’est un sujet d’aventure et bien que cela ne soit pas une science exacte, Jean-Patrick Barnabé et moi-même, en interrogeant nos boules de cristal respectives, osons prendre le risque de répondre au mieux à cette interrogation, tout en ayant conscience des incertitudes liées aux conditions climatiques.
Une seule chose est vraiment sûre, elles vont passer! Il vous sera intéressant de découvrir les prévisions de migration dans nos différents articles.
La meilleure version à laquelle vous adhérerez, c’est la vôtre! Elle se déroulera dans votre cabane, au fil des jours, avec vos amis, votre famille, votre passage, vos appelants, sans oublier cette passion dévorante qui accompagnera votre jeu avec ce si noble oiseau.
À vos postes, prêt, sémérez...
Joël Barberin, Directeur de la publication
- Passage -
Et si on revivait la migration 2021 ?
Après une saison 2022 extraordinaire et une 2023 catastrophique, à quelle migration doiton s’attendre pour la saison 2024 qui va pointer le bout de son nez? De fortes canicules à l’est et l’extrême est, des pluie diluviennes à l’ouest, le continent européen a eu ce printemps et cet été des conditions climatiques complètement opposées.
© Photo Ch. Coularis
En terme de migration, force est de constater que la prévoir n’est pas des plus simples. Beaucoup de paramètres entrent en ligne de compte, le temps, les températures, le vent, la lune, la tranquillité et surtout la nourriture à disposition. S’il est impossible de prédire ce que sera la météo dans presque deux mois, il est plus facile d’examiner les principales sources de nourriture de nos belles bleues. Je laisse l’examen de l’influence de la lune sur la migration à notre ami JeanPatrick Barnabé. (Voir page 31)
Le grand écart des récoltes
La France, à l’exception peutêtre du pourtour méditerranéen, a été relativement épargnée par les températures extrêmes depuis le mois de mars. De fortes chaleurs se sont abattues dès ce printemps et se sont transformées en canicule la majeure partie de l’été sur les pays Baltes, la Russie (où le mois d’avril a connu des maximales de 5,4° au-dessus des normales de saison), la Biélorussie, la Pologne, la Tchéquie, l’Autriche et l’Ukraine (qui elle, a connu plusieurs jours durant, des températures avoisinant les 40°). Les pays scandinaves ont eux aussi connu de fortes chaleurs. (proches des 30° à l’extrême nord de la Finlande). Dans ces pays -là, il n’est pas exceptionnel que le mercure atteigne ces valeurs en été, ce qui l’est beaucoup plus, c’ est que ces températures aient duré près de 10 jours. Si ces conditions ont sûrement été propices à une bonne reproduction de notre oiseau fétiche, elles causent d’autres problèmes qui pourraient jouer sur la migration. En effet, les fortes chaleurs [...]
- Dossier Technique -
L’art de travailler un vol
© Photo N. Buoro
Faire poser un vol de palombes ne se résume pas à tirer sur des ficelles, ou encore à appuyer sur des boutons. Cette maestria de mouvements, lorsque les oiseaux se présentent à l’horizon, ces gestes précis parfois instinctifs, parfois calculés, sont exercés par le Paloumayre tel un chef d’orchestre, c’est un véritable art…
Au bout des ficelles, se trouvent nos chers appelants et tout commence dans les volières lors de l’intersaison.
Il est important de prendre soin de nos précieux alliés qui nous accompagneront pendant toute la période de chasse.
Que ce soit des palombes, des pigeons bleus de Gascogne ou encore des mulets, qu’ils soient élevés « à la main » ou « sauvages», il font partis intégrante de notre réussite.
Sans eux, nous n’arriverions à rien, et tous doivent être en parfait état avant d’attaquer la saison palombistique.
Octobre est là, les journées de grandes migrations arrivent à grands pas, les pigeons sur fil partent du premier coup, les volants ne se posent pas sur le premier arbre venu, la palombe favorite du gros chêne ne se pend pas telle une chauve -souris, l’échenilloir a retrouvé sa place dans le garage, la cabane est maintenant réglée au millimètre et nous pouvons passer aux choses sérieuses!
À la frontale, chaque matin, lors de la mise en place des appeaux, j’accorde une grande importance à la position de chaque appelant. En effet, étant muni, comme beaucoup, de raquettes réglables, j’oriente obligatoirement mes oiseaux face au vent dominant du jour afin qu’ils volent dans les meilleures conditions possible. Le jour pointe, les oiseaux sont en place, les volants sur les starting-blocs, nous avons investi la palombière dans l’attente de quelques volées de bleues. Le vent de Sud-Est faible [...]
- Chasses Traditionnelles -
«L’avenir est loin d’être compromis,
on ne baisse pas les bras»
Mi-août, à la veille d’une nouvelle saison, Jean-Luc Dufau a reçu Palombe&tradition dans son bureau à la Fédération Départementale des Chasseurs des Landes, à Pontonx-sur-l’Adour
Palombe&tradition - Président, comment s’annonce la saison de chasse 2024-2025?
Jean-Luc Dufau - Cette saison sera encore marquée, bien entendu, par notre combat pour les chasses traditionnelles. Mais je veux être clair d’emblée: concernant les contentieux par rapport à la palombe, aujourd’hui il n’y a aucun recours. Seul subsiste le questionnement de la Commission européenne qui date d’il y a deux ans et auquel nous avons répondu par l’intermédiaire de notre ministère de tutelle.
Par ailleurs, notre combat continue concernant l’alouette des champs. Nous allons désormais nous défendre devant la Cour européenne des droits de l’Homme car nous estimons que nos droits ont été bafoués parce que nous n’avions pas le
P&T - Vous avez du mal à cacher votre colère…
Oui, car désormais notre seul espoir est que ce dossier puisse faire l’objet d’un vrai débat juridique, loin de la farce démocratique à laquelle nous avons assisté jusque là. Et puis quand rien ne nous aide… (soupirs) Le président de la République a annoncé la dissolution de l’Assemblée Nationale au lendemain des élections Européennes. Cela n’a pas favorisé notre agenda car nous étions sur le point de faire signer des arrêtés par le ministère. Malheureusement, notre interlocuteur Hervé Berville, ministre démissionnaire, n’a pas pu le faire. Aujourd’hui, nous sommes dans une impasse et attendons qu’un ministre soit nommé afin de lui soumettre de nouveaux arrêtés et pour obtenir notre statut de défendeur, ce qui est le point le plus [...]
© Photo J-M. Desplos
- Réseaux sociaux -
Une migration qui est scrutée de près
De nombreux groupes qui mettent en avant notre oiseau bleu fétiche sont présents sur Facebook, mais il y en a un qui est encore plus suivi que les autres, surtout pendant la période de migration, c’est «Migration Palombe en direct»
Comme son nom l’indique, le groupe permet aux membres de partager en temps réel la migration à laquelle ils assistent, mais également différents conseils et astuces. Stéphane Bombaut, qui est bien sûr un passionné de palombes, est à l’initiative de ce groupe.
P&T: D’où vous vient cette passion pour la chasse à la palombe?
« Je crois que j’ai commencé à suivre mon père à la chasse dès que j’ai pu marcher avec des bottes. Toutes les occasions étaient bonnes pour le suivre dans les bois, la pêche, les champignons, la palombe, la bécasse... Après, nous avons aidé mon oncle à faire une palombière, et j’ai commencé à apprécier cela. J’y allais les jours où il n’y avait pas école, et aussi quand le ciel se mettait au bleu, sans nuages. Ces jours-là, j’étais bizarrement malade... mais pas pour monter à l’échelle de la cabane perchée en haut d’un chêne. Mon père rêvait d’avoir son propre poste, malheureusement, il est décédé très jeune sans avoir atteint la cinquantaine et sans avoir réalisé son rêve. Alors, j’ai voulu le réaliser pour lui.
Faisant mes études dans un lycée agricole, un de mes copains de classe m’a montré un emplacement dans un bois appartenant à sa famille où il y avait un bon passage. Il m’a ensuite mis en relation avec une personne qui vit pour la palombe, Pierrot. Il était patient, très patient même, il avait déjà la maladie bleue depuis plusieurs [...]