Palombe&tradition N°3
SOMMAIRE
L’ÉCHO DES CABANES
DANS LE TEMPS, il y en avait plus…
CALENDRIER DES FÊTES DE LA PALOMBE
TRIBUNE LIBRE
INTERVIEW DU NOUVEAU PRÉSIDENT DU GIFS
HIVERNAGE DANS LE SUD-OUEST
HISTORIQUE : les palombières au filet en "Amélia"
PALOMBE, RUGBY ET COURSE LANDAISE
TECHNIQUE - Où installer sa palombière
SÉCURITÉ - La préparation d’un arbre
PORTRAIT - Les inventions d’Elie Lhoste
ASTUCE : transformez vos pigeons en palombes
ENCART À DÉTACHER : Construire une boîte à maquillage
LÉGISLATION - 3 questions…
DOSSIER SANTÉ - Mortalité de pigeons maigres
CHIEN - Remplacer son vieux chien
ASSOCIATION - Ils veulent monter leurs filets
INTERNET - Le forum de palombe.com
Edito
Comme un frémissement d'ailes…
Depuis près de vingt ans, nous regardions impuissants, la chasse agoniser sous les coups d'une poignée d'extrémistes: la meute des faux écologistes outrancièrement médiatisés, celle des faux mages mais vrais politicards qui l'utilisaient à leurs fins personnelles, la troupe des viandards qui veulent chasser tout, partout et tout le temps. Le coup de grâce lui était administré, l'automne dernier, par l'arrêté "appelant" du 4 novembre 2003 : à l'initiative de la Fédération Nationale des Chasseurs qui organisait le casse cynégétique du millénaire : voler aux chasses traditionnelles le symbole de plusieurs siècles de savoir-faire, pour le brader aux enchères sur toute la France et créer un nouveau mode de chasse hybride, le tir au vol avec appelant, cet O.G.M. de la chasse génétiquement stérile.
Cependant, un paloumayre accroche toujours aux rares signes du soir l'espoir du lendemain. Nous assistons aujourd'hui à quelques soubresauts de la chasse moribonde. Le couple politique-chasse est en plein divorce. Les faux mages politiciens ont été expulsés de leur pylône régional ou général. A la dernière assemblée générale de Dordogne, département montré du doigt pour "détournement de chasse traditionnelle" car les postes de tir au vol avec appelants s'étaient multipliés sur cet axe de grand passage, les chasseurs ont été assez sensés pour interdire le tir au vol avec appelants. Paloumayres et tireurs au vol de là et d'ailleurs peuvent les en remercier. Car si vous doutez que le tir au vol tue non seulement la chasse en palombière mais le tir au vol lui-même, allez faire un tour dans les Pyrénées : on vous montrera la désertification des hauts-lieux du tir au vol de la palombe et les gémissements de tous ceux qui y ont investi des fortunes…, à fonds perdus.
Suffit-il de répandre cette interdiction sur toute la France ? A court terme, elle sauverait l'essentiel mais vaincre parce qu'on est les plus nombreux ou les plus forts n'apporte pas de vraie solution. Plus que vaincre, il faut convaincre et rien ne remplace la réunion et la discussion de toutes les parties autour d'une table. Il est vrai que trouver le compromis entre la nature de l'individu, ses pulsions comme ses passions et la culture héritée par toute une société rurale n'est pas chose facile. Soyons persuadés qu'il existe des chasseurs de bonne volonté assez tolérants pour balayer devant chaque porte et trouver sa place à chaque chasse. Plus que l'avenir de la chasse, le véritable enjeu est le devenir de la palombe, le seul, et dernier, gibier populaire encore chassé, malgré ses infidélités migratoires, par un grand nombre de porteurs de permis.
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Philippe Ducos, rédacteur en chef
Dossier élevage
(2eme partie)
La conduite de son élevage
Depuis la préhistoire, la chasse et la capture des animaux furent la grande préoccupation des hommes. Mais pour disposer plus facilement des animaux, pour s’en nourrir, comme bête de somme ou tout simplement comme animal de compagnie, l’homme a toujours cherché depuis ces temps reculés à domestiquer des animaux sauvages. S’approprier un animal sauvage par la chasse ou par la domestication fait appel à un lointain atavisme, le même sentiment qui pousse tout enfant à recueillir un oisillon tombé du nid pour l’élever et se l’approprier. Approprier est bien le terme qui convient, aussi bien pour la chasse que pour l’élevage.
Pour avoir des appeaux toujours impeccables et dociles, la tentation de faire naître les palombes en captivité pour les domestiquer est mise en pratique par quelques éleveurs qui nous font profiter de leur expérience.
La volière de reproduction
Elle doit être bien orientée, généralement est/sud-est pour bénéficier d’un ensoleillement maximum, c’est une des conditions de réussite. Elle sera protégée de la pluie et du vent sur au moins un tiers de sa longueur côtés nord, est et ouest.
Vos reproducteurs doivent avoir suffisamment d’intimité pour leurs ébats amoureux mais ne doivent pas être trop isolés quand même pour garder le contact entre eux et afin qu’ils ne redeviennent pas trop sauvages.
Les dimensions : Contrairement à une idée reçue, la volière ne doit pas être trop grande, non pas qu’une grande volière ne facilite pas la reproduction, au contraire, mais il s’agit pour nous d’obtenir des palombes dociles. lI faudra régulièrement surveiller les couvées et être proche des oiseaux. Si lorsqu' on pénètre dans la volière, les palombes ont la possibilité de fuir à l’autre bout elles ne s’en priveront pas, même avec des palombes dociles vous aurez du mal à garder le contact. On estime qu’il faut au moins 2m3 de volière pour 1 couple.
La volière d’élevage
Parallèlement à la construction de la volière réservée aux reproducteurs, vous devez construire une volière séparée pour accueillir les jeunes palombes que vous ne devez pas laisser avec les adultes. Toujours afin de garder le contact avec les oiseaux la volière ne devra pas excéder en largeur la longueur de l’envergure de l’éleveur et sa taille en hauteur sur 4 ou 6 mètres de long. Ainsi le chasseur aura dans sa volière une position de dominant sur ses pensionnaires. Des barres seront placées parallèlement à sa longueur à hauteur des mains de l’éleveur, il pourra ainsi circuler librement et avoir ses palombes disposées à hauteur pour les caresser ou leur donner des friandises [...]
Hivernage :
Un hivernage relativement stable dans le sud-ouest
A l'heure où nous mettions sous presse, tous les résultats des comptages des palombes en hivernage dans le Sud-Ouest pour la saison 2003-2004 n'avaient pas encore été communiqués au GIIFS. Il manquait ceux de la Gironde, un département pourtant d'un haut intérêt avec ses forêts et ses zones agricoles.
Il semble néanmoins que les effectifs d'oiseaux hivernants sur l'ensemble de la région aient été relativement stables. En effet, on arrive sans la Gironde (qui recense en moyenne 50 000 oiseaux) à un total cumulé de près de 800 000 palombes au cours du mois le mieux alimenté c'est-à-dire en décembre, contre environ 1 000000 la saison précédente. De plus, il faut savoir que les habituels comptages effectués en avion au-dessus du massif forestier des Landes de Gascogne, à cheval sur Landes et Gironde, n'ont pas été réalisés cette saison. Or, ils permettaient de dénombrer entre 50 000 et 80 000 oiseaux supplémentaires.
On arrive donc à un chiffre global tout à fait convenable, même si cet hiver, les oiseaux n'ont guère pu bénéficier des étendues de la maïsiculture pour se restaurer à bon compte. En effet, en raison de la canicule, la plupart des maïs avaient été récoltés de très bonne heure, souvent dès la mi-septembre et les champs avaient été aussitôt labourés, ce qui avait provoqué une germination rapide des grains tombés sur le sol.
Mais une bonne partie de la région ayant bénéficié d'une superbe glandée, les palombes se sont largement rattrapées sur cette nourriture, ce qui a été constaté par exemple par de nombreux chasseurs de la Haute-Lande bénéficiant d'une densité d'oiseaux remarquable sur les secteurs encore riches en chênes. Mais la meilleure preuve de cette répartition inhabituelle des oiseaux en fonction des disponibilités alimentaires est fournie par les résultats enregistrés sur la zone agricole des Landes [...]
Technique :
Où installer sa nouvelle palombière ?
Dans le premier numéro de notre revue, nous avions déjà abordé le sujet, mais il me paraît important de l’approfondir, le problème étant de taille, car si tout va bien on s’engage pour plusieurs années, voire plusieurs décennies. Je vais essayer d’être le plus exhaustif possible, sachant que vous êtes de plus en plus nombreux, amis lecteurs, et que les cas de figure sont bien différents suivant les régions. Dans les zones faiblement boisées, la question principale et vitale est tout simplement de trouver un bois, alors que dans les zones fortement boisées, comme le massif landais, la question est un peu différente : où s’installer dans cette mer de verdure afin que les palombes se posent sur ou à proximité du poste alors qu’elles n’ont que l’embarras du choix ?
D’abord je crois qu’il est nécessaire de se poser une autre question : pourquoi un vol de palombes décide-t-il de se poser à un moment donné, et ceci en faisant abstraction de la qualité, du nombre et de la façon dont sont maniés les appelants ? Ne nous voilons pas la face, dans certaines zones, un vol en migration est sollicité par des appelants au moins une fois tous les kilomètres, ou si vous préférez, toutes les cinq minutes ! Penser qu’avant vous elles n’ont vu que de mauvais appelants mal «sémérés» serait de l’orgueil bien mal placé. Non, un vol décide de se poser pour trois raisons essentielles : le besoin de se reposer, de manger ou de boire. Quand on ne décroche que quelques sujets d’un vol, ce sont en général les jeunes, car n’ayant pas une aussi bonne condition physique que les oiseaux adultes, ils fatiguent davantage. Sur les jours de migration intensive, on pose rarement dans les premières heures de la matinée [...]