Palombe&tradition N°63
Numéro de Été 2019
SOMMAIRE
4 L’écho des Cabanes…
12 Dossier sédentaires :
10 - Les palombes colonisent le sud
15 - Italie - La sédentarisation explose aussi
17 - « Et vous... ça niche ? » Témoignages de paloumayres...
26 Angleterre - On détruit aussi les nids et les oeufs
28 Technique - Comment ranger ses appelants
30 Passion - Une palombière chez les lilliputiens
32 Calendrier des fêtes de la Palombe 2019
34 Histoire - Des palombes et des problèmes
37 Les mots gascons des paloumayres
38 Technique - Voir et être vu !
42 Portrait - Elle assure, Manon !
44 Société - « Les souvenirs sont partis en fumée »
46 Autour d’elles... - Quand l’occitan s’invite à la palombière
50 Anecdote - Comment faire la peau… aux appeaux ?
52 Chiens - Les devoirs de vacances du bon maître
54 " La tête dans le ciel " - Là-haut, peut-être, il en restait encore
58 Les recettes du paloumayre
Edito
Les envahisseurs s’habillent en bleu
avid Vincent avait raison… les envahisseurs sont là. Mais à la grande différence de ceux de la série culte des années 70, ils ne gardent pas leur auriculaire en l’air et sont habillés d’un beau costume bleu à col et manchettes blancs. On les trouve partout. Ils nichent dans les haies, sous les toits ou dans les platanes, en pleine ville, dans les bois ou à la campagne. Ces envahisseurs, ce sont nos belles bleues qui ont colonisé le grand Sud à temps plein, pour le plus grand plaisir des yeux et des oreilles bien sûr !
Il est évident que cette joie n’est pas partagée par le monde agricole qui voit certains de ses champs ravagés par des nuées d’oiseaux. Certains d’entre eux vont-ils continuer à migrer alors qu’ils ont table ouverte chez nous ? Serons-nous obligés de modifier nos méthodes de chasse ? Le pigeon ramier, qui ne se sédentarisait autrefois qu’au nord de la Loire, a peu à peu changé ses habitudes avec l’arrivée des immenses champs de maïs pour devenir un oiseau familier dans notre grand sud. A quoi bon migrer si le gîte et le couvert sont fournis ? Les cultures se sont diversifiées : tournesol, colza, triticale, méteil et soja dont la production a fortement augmentée ces dernières années.
L’explosion démographique de l’oiseau est également pour beaucoup dans cette expansion géographique. Ainsi, la Péninsule ibérique et l’Italie connaissent un phénomène de même ampleur.
Le revers de la médaille, c’est la banalisation de cet oiseau magique. Classé nuisible dans certains départements, il devient un sauve bredouille et parfois même se réduit à un vulgaire plateau de ball-trap pour des « aganits » partisans de la mitraille aux abords des cultures. Si ceux-là devaient fabriquer leurs cartouches comme le faisaient nos anciens, ils réfléchiraient à deux fois avant de canarder des oiseaux qui finiront parfois dans un sac poubelle.
Notre oiseau préféré mérite plus de respect. N’en déplaise à nos voisins anglais qui pouvaient encore il y a un mois détruire notre chère palombe, sans aucune demande de destruction préalable. Ces destructions sont désormais soumises à des demandes individuelles. Finie l’anarchie ?
Nous verrons. Quoi qu’il en soit, c’est un coup de tonnerre qui frappe les agriculteurs d’Outre-Manche et le business des voyages dits cynégétiques que représente cette activité, d’autant que les Anglais ont mis la charrue avant les bœufs, en prenant cette décision sans avoir envisagé des solutions plus acceptables de régulation de l’espèce. Ils y travaillent...
On peut se demander ce qui a précipité cette marche arrière. La pression des associations écologiques? Les abus? Les tableaux de chasse indécents exhibés sur les réseaux sociaux? Sûrement un peu des trois.
Les paloumayres le savent bien, même entre eux, l’annonce du nombre de prises de la saison est toujours un peu tabou, provoquant convoitise et jalousie, allant parfois jusqu’à l’incendie volontaire de certaines cabanes comme vous pourrez le lire dans ce numéro. Alors, imaginez l’impact et le poids qu’ont ces images de tas de gibier sur la toile. Il faut que nous soyons prudents, car avec internet, les informations se diffusent à vitesse grand V et les idées, bonnes ou mauvaises aussi.
Alors restons vigilants pour conserver notre passion. Mais en attendant, comme le font les traders pour le Brexit, nous ne pouvons que conseiller au « Wood Pigeon » d’Outre-Manche de migrer lui aussi vers le continent, plutôt que de se laisser massacrer bêtement sur les terres de la « Perfide Albion »…
Joël Barberin, Directeur de la publication
Les palombes
colonisent le sud
Depuis quelques années, les palombes sont de plus en plus nombreuses à s’installer pour se reproduire et souvent vivre à temps plein dans le sud-ouest et le sud de la France. Autrefois limité au nord et au centre du pays, le phénomène s’amplifie. Le pigeon ramier devient un oiseau familier dans toutes les régions. Au point de modifier un jour nos chasses traditionnelles ?
"Pourquoi voulez-vous que je me ruine à louer un col au Pays Basque pour y attendre des palombes qui n’y passent plus, alors qu’à 200 mètres derrière la maison, il y a un champ de tournesol où entre l’ouverture et la fin septembre, je tue mes 100 palombes au vol chaque année ? D’accord, le paysage est moins beau mais pour le résultat, il n’y a pas longtemps à réfléchir », avoue ce chasseur du sud Charente, qui autrefois passait trois semaines d’octobre du côté d’Iraty.
Le deuxième dimanche de septembre, quand ce n’est pas plus tôt dans le cadre de destruction de nuisibles ou d’une ouverture anticipée, ils sont ainsi des milliers postés près des cultures à faire du ball-trap sur des pigeons ramiers agrainés, nés dans les bois et les villages alentour. Ceux qui ont niché dans les haies de nos jardins et les platanes de la cour de l’école. Pauvre palombe sauve permis et cache-misère. Peu importe que les petits de la dernière couvée de la saison soient encore sur le nid, faute de cailles, de lièvres, de lapins et de perdreaux, souvent rangés depuis longtemps dans l’armoire aux souvenirs, il faut bien faire l’ouverture et vider la cartouchière sur le dernier [...]
On détruit aussi
les nids et les œufs
Décidément, les anglais ne font rien comme les autres. Dans des cas de proliférations de palombes, ils peuvent procéder légalement à la destruction des nids et des œufs de cette espèce
Il suffit pour cela de déposer une demande auprès du ministère de l’Agriculture de la Pêche et de l’Alimentation. Les exemplaires sont disponibles sur internet. Les conditions sont strictes et bien définies quant aux époques et aux zones concernées.
Bien avant Internet, une plaquette de 1962, éditée par le ministère, expliquait comment intervenir et dans quelles conditions, afin d’optimiser l’intervention de destruction des nids et [...]
Comment ranger ses appelants
Quelques éléments de réflexion sur un sujet qui nous concerne tous, si l’on chasse avec des appelants bien sûr...
Comment ranger ses appelants le soir en fin de chasse pour être à peu près sûr de les retrouver le matin suivant ? Il existe plusieurs solutions, on ne les verra pas toutes, mais en fonction de vos possibilités, en regardant les avantages et les inconvénients de chacune, à vous de voir celle qui vous paraîtra la meilleure.
La plus courante est le ramassage de ses appelants avec une barre classique à 4, 6 ou 8 places, rarement plus à cause de l’encombrement, et un nombre pair facilite l’équilibre pour le transport.
Chaque appelant est à une place numérotée ou repérée pour être sûr de le remettre au même poste le lendemain. Puis retour à la cabane pour le nourrissage et ensuite dans le local prévu pour le repos. On ferme la porte : bonne nuit et à demain.
Mais il y a tout de même quelques précautions à prendre en ce qui concerne le local en question. D’abord, il faut s’assurer de la bonne « étanchéité » aux nuisibles (genettes, fouines, etc. ) mais aussi veiller à la largeur de l’endroit, afin que les appeaux pris de panique en raison de l’étroitesse des lieux ne se pendent pas. Il faut également penser à bien verrouiller la porte, le renard à deux pattes s’invitant souvent [...]